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Un an sans nuit.

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Un an d’absence ici. Un an sans nuit. De décembre 2019 à janvier 2021, j’ai arrêté de dormir. J’ai survécu, je me suis battue, j’ai sombré, je me suis relevée, j’ai patienté… Mais j’ai heureusement avant tout, aimé plus que tout !

L’amour.

L’amour pour mon fils m’a rendue folle et forte. Surhumaine et survivante. L’amour m’a sauvée parce que oui, j’ai parfois eu l’impression de mourir. Suis-je la seule à avoir regardé sur Google s’il était possible de décéder de fatigue ? Impossible de fermer les yeux quelques heures de suite, et parfois même quelques minutes, sans être réveillée. Allaiter, câliner, rassurer, bercer, apaiser… Dormir 50 minutes et recommencer. 360 nuits. C’était insupportable et ça me paraissait insurmontable. Mais je n’avais pas le choix, il ne voulait que moi, dix à douze fois par nuit… Avec lui, j’ai toujours gardé mon calme et retenu mes larmes. Mais une fois seule, entre deux réveils, c’était le déchirement, l’impression de ne trouver aucune solution et d’avancer dans le vide, de tomber de plus en plus bas et d’être seule face au reste du monde.

La solitude.

Un an, c’est long. Et pourtant, la première année d’un bébé, c’est sacré… Je le savais. Alors, j’ai tout fait. Tout fait pour essayer de ne pas passer à côté, malgré l’envie de craquer chaque fois que je voyais le soleil se lever. Aujourd’hui, j’ai quand même ce sentiment de n’avoir profité qu’à moitié. Parce que ne pas dormir, c’est vivre à côté, dans un monde parallèle. Alors j’ai mal au cœur, mal de me dire que cette année, je ne pourrais jamais la rattraper, que certaines premières fois sont passées et font partie du passé.

La peur.

Cette aventure, c’était aussi neuf mois sans dormir aux côtés de celui que j’aime. Parce que cette force que j’ai eu la chance d’avoir n’est pas donnée à tout le monde. Et que parfois, on est obligé de s’effacer pour surmonter. Je le comprends. Même si sur le coup, je me suis sentie abandonnée par ma moitié… Parce que voir son amoureux dormir sur le canapé, nuit après nuit, c’est quelque chose qui fait peur. Je savais bien évidemment que c’était temporaire mais pour combien de temps encore ? Heureusement, celui qui partageait mon lit, mon Lenny, était tout aussi câlin malgré son besoin constant de tenir ma main.

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La culpabilité.

J’ai souvent culpabilisé. J’ai souvent relativisé. J’ai deux enfants en bonne santé et c’est bien l’essentiel. Seulement, sans sommeil, c’est moi qui avais l’impression de dépérir. Je me sentais constamment faible et malade, sans force, sans envie et sans moral.

La patience.

Après plusieurs consultions et aucune amélioration, l’été est arrivé et j’ai craqué. J’ai décidé de déménager. J’avais l’impression que le changement était la dernière option possible. Avoir trois chambres dans une maison calme, loin de la ville, était pour moi la seule solution restante. Cette décision nous a aidés à nous retrouver mais ne nous a pas sauvés, dans l’immédiat en tout cas…

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L’espoir.

Aujourd’hui, Lenny a 14 mois et depuis bientôt deux mois, Lenny marche et Lenny dort… Je ne saurais jamais si cela est lié, mais il dort depuis qu’il marche. Dans sa propre chambre et dans son propre lit de 20h30 à 8h30, sans un seul réveil. C’est arrivé du jour au lendemain. Sans prévenir, c’était enfin le moment de guérir. Je n’arrive pas encore à réaliser cette réalité. Je sais que rien n’est jamais acquis, que peut-être cette nuit, je serais amenée à rassurer ou allaiter une à douze fois… Mais peu importe parce que maintenant, je sais que c’est possible, je sais que la patience paye un jour. Je sais que mon grand bébé est capable de se passer de moi une nuit entière et rien que ça, psychologiquement, c’est un sacré soulagement.

La renaissance.

J’ai retrouvé mes nuits et mon chéri dans mon lit. Et même si je préfère garder l’impression que le parcours est loin d’être terminé, je sais désormais que le début de la renaissance est bel et bien là. Quoi qu’il arrive demain, dans un mois ou dans un an, je serai là. Plus forte que jamais, pour l’aider à atteindre l’apaisement que l’on aura mis une année à trouver. Mon corps lui, n’arrive pour l’instant pas à retrouver ses nuits d’avant. Je me réveille encore en sursaut avec l’impression d’entendre ses hurlements… C’est violent et encore une fois, il me faudra du temps.

Le partage.

Si vous me lisez aujourd’hui et que vous avez l’impression que votre bébé ne sait clairement pas dormir, j’espère pouvoir vous redonner espoir avec cet écrit. Je n’ai pas de remède miracle si ce n’est de la patience, beaucoup de patience. Survivante de la nuit, je peux dire que l’amour pour mon bébé m’a sauvée.

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